publié le 9 mai 2019, 12:50 par Pierre Roland-Gosselin
Choisis par
deux papes du XX° siècle pour être les patrons et patronnes de l’Europe, ces
saintes figures sont proposées comme signes du besoin d’unité du continent et du
nécessaire renouveau spirituel que les chrétiens peuvent lui insuffler.
Pourquoi donner des saints patrons à
l’Europe ?
L’initiative de donner un saint
patron à l’Europe, remonte à l’époque du Pape Paul VI. Nous sommes en 1964. La
troisième session du Concile Vatican II est sur le point de s’achever avec la
publication de « Lumen gentium » où l’Église est
proclamée comme le signe et le moyen de l’unité de tout le genre humain. Sept
année plus tôt, quelques pays européens se sont donnés les moyens, avec la
création de la CCE, de progresser vers une intégration économique.
C’est dans ce contexte que le 20
septembre 1964, le pape Paul VI, relevait que le continent « à
peine sorti de deux guerres et de deux idéologies tragiques, était à la
recherche d’une nouvelle identité » (1) et appelait à un
renouveau éthique et spirituel. C’est pourquoi il a souhaité mettre
l’Europe sous le patronage de Saint Benoît de Nursie qui sut, en son temps, lui
donner un ferment d’unification sous le signe de la foi.
Restant dans la même ligne, le
pape Jean-Paul II soulignait en 1999 (2), la place centrale et caractéristique
du christianisme dans l’histoire complexe de l’Europe. Il appelait les
chrétiens à en prendre une conscience renouvelée, assortie du devoir d’apporter
leur contribution spécifique à la construction de l’Europe. Dans cette
perspective, il lui a semblé que « les chrétiens européens […]
peuvent tirer un profit spirituel de la contemplation et de l’invocation de
certains saints qui sont de quelque manière particulièrement représentatifs de
leur histoire ».
| Saint Benoît de Nursie
L’influence de Saint Benoît, fondateur au VI e siècle du monachisme occidental, s’est étendue sur une grande partie de l’Europe dont il devint le saint patron, désigné par le Pape Paul VI, avec ces mots : « Lui et ses fils avec la Croix, le livre et la charrue, apporteront le progrès chrétien aux populations s’étendant de la Méditerranée à la Scandinavie, de l’Irlande aux plaines de Pologne (3). A propos de Saint Benoît, le Pape Benoît XVI soulignait que « l’œuvre du saint et, en particulier, sa Règle se révélèrent détentrices d’un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons « Europe ». » (4). |
| Saints Cyrille et Méthode, apôtres des slaves au IV e siècle
Nés à Thessalonique, Cyrille et son frère Méthode ont été envoyés vers les peuples slaves par l’impératrice Théodora, sous l’influence du patriarche Ignace. Cyrille est connu pour la mise au point de l’alphabet qui porte maintenant son nom et lui servit d’outil d’évangélisation. Agissant au nom du patriarche d’Orient, les deux frères ont accompli leur ministère en union avec le siège romain de Pierre, « manifestant ainsi l’unité de l’Église » (5).
Le 31 décembre 1980, le Pape Jean-Paul II, rappelait, dans sa lettre apostolique « Egregiae virtutis » la coïncidence de deux évènement. Il s’agissait d’abord du 1 500 e anniversaire de la naissance de Saint Benoît, déjà nommé patron de l’Europe. Le second était le centième anniversaire de l’encyclique « Grande munus » par laquelle le pape Léon XIII instituait le 5 juillet comme date de la célébration des saints Cyrille et Méthode. Il lui apparaissait donc utile de joindre ces deux saint au premier, comme co-patrons de l’Europe. Il voyait dans cette annonce « un moyen de compréhension mutuelle et d’union entre les différents peuples de l’Europe naissante et garantissait à l’Europe d’aujourd’hui un héritage spirituel et culturel commun » (6). |
Trois saintes Après trois hommes dont la sainteté a traversé les
siècles, Jean-Paul II, par sa lettre apostolique« Spes
aedificandi » (7) du 1er octobre 1999, a doté l’Europe de trois
saintes patronnes, « figures également emblématiques de moments
cruciaux du deuxième millénaire qui touche à sa fin » : sainte
Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse-Bénédicte de la
Croix. « Trois grandes saintes, trois femmes qui, […] se sont
signalées par l’amour actif de l’Église du Christ et le témoignage rendu à sa
Croix ».
Sainte Brigitte de Suède
Sainte Brigitte, née en Suède
vers 1302, morte à Rome en 1373, a été canonisée en 1391. Elle apparaît comme
une sainte mère de famille, mystique et fondatrice d’ordre. Sa ferveur pour les
pèlerinages lui a valu d’être désignée comme patronne des pèlerins. Le Pape
Jean-Paul II relève que « c’est par le sens profond du mystère du
Christ et de l’Église que Brigitte participa à la construction de la communauté
ecclésiale, à une période notablement critique de son histoire. » Il
la cite également comme porteuse d’un signe d’unité pour l’Église.
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Sainte Catherine de Sienne
Sainte Catherine est une religieuse dominicaine, née à
Sienne en 1347 est morte à Rome 33 ans plus tard. Le Pape Paul VI l’a déclarée
docteur de l’Église en soulignant sa « science infuse,
c’est-à-dire l’assimilation brillante, profonde et enivrante de la vérité
divine et des mystères de la foi » (8). Elle a milité pour une
réforme de l’Église, alors troublée à l’époque où les papes étaient installés à
Avignon. Elle le faisait « non par la guerre, mais dans la paix et
le calme, par des prières humbles et continuelles, dans les sueurs et les
larmes des serviteurs de Dieu ». En la faisant patronne de
l’Europe, le Pape Jean-Paul II a souligné sa liberté de ton vis à vis des rois
et ecclésiastiques de tous rang. Elle voulait « déraciner dans le
jardin de l’Église les plantes pourries et les remplacer par des plantes
nouvelles fraîches et odorantes. » | |
Édith Stein, Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix Avec Édith Stein, qu’il avait canonisée le 11 octobre
1998, sous le nom de Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Le pape Jean-Paul II
change de registre. La sainte carmélite, d’origine juive est une philosophe
dont il relève sa participation personnelle à la Croix, lors de sa déportation
et sa mort à Auschwitz. Il voit dans son témoignage de victime innocente
une « protestation élevée contre toutes les violations des droits
fondamentaux de la personne. »
« D’autre part, le gage de la rencontre
renouvelée entre juifs et chrétiens qui, dans la ligne voulue par le Concile
Vatican II, connaît un temps prometteur d’ouverture réciproque. »
« Déclarer aujourd’hui Édith Stein co-patronne de
l’Europe signifie déployer sur l’horizon du vieux continent un étendard de
respect, de tolérance, d’accueil, qui invite hommes et femmes à se comprendre
et à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture et de religion, afin
de former une société vraiment fraternelle. » | |
Un
espoir pour l’Europe et un appel aux chrétiens En concluant sa lettre apostolique, le Pape Jean-Paul
II insiste particulièrement sur le rôle du christianisme pour l’édification
d’une nouvelle Europe sur des bases solides et « sur les valeurs
authentiques, qui ont leur fondement dans la loi morale universelle, inscrite
dans le cœur de tout homme. » Il appelle donc tous les chrétiens
à s’engager à un témoignage renouvelé de l’Évangile. Philippe de Pompignan Notes : 1 Cité par l’article « Saint Benoît de
Nursie » sur le site « Nominis »
2 Lettre apostolique
du « Spes aedificandi » du 1er octobre 1999.3 Cf.
note 1
4 Audience générale
du mercredi 9 avril 2008
5 Lettre apostolique « Egregiae
virtutis » du Pape Jean-Paul II
6 d°
7 Voir note 2.
8 Homélie du Pape
Paul VI, le 3 octobre 1970
Source :
https://www.catholique78.fr/2019/05/09/six-saints-et-saintes-pour-leurope/ |
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