Nous ne saurions être en accord avec le monde, qu’en nous
perdant avec lui. Il n’est jamais content : "Jean est venu, dit
le Sauveur, ne mangeant ni buvant, et vous dites qu’il est possédé;
le Fils de l’homme est venu en mangeant et buvant, et vous dites qu’il
est Samaritain." (Mt 11, 18-19)
Si, pour faire plaisir aux autres, nous rions, nous
jouons, nous dansons, le monde s’en scandalisera; si nous ne le faisons
pas, il nous accusera d’hypocrisie ou de mélancolie. Notre gaieté sera
relâchement; et nos mortifications effets d'une sombre humeur. Comme il
nous voit d'un mauvais œil, nous n'aurons jamais son agrément. Nos
imperfections il les exagère, et les dénonce comme des péchés; nos
péchés véniels, comme des péchés mortels; et nos faiblesses comme des
malices.
"La charité, dit Saint Paul, est
bienveillante" (1 Cor 13, 4-5) alors que le monde est malveillant. "La
charité ne pense pas à mal"; le monde pense toujours à mal. Et
faute de pouvoir accuser nos actions, il visera nos intentions.
Quoi que nous fassions, le monde nous fera
toujours la guerre.
Laissons le monde
s'aveugler. Soyons fermes en nos desseins, invariables en nos
résolutions. Notre persévérance montrera si nous nous sommes vraiment
donnés à Dieu et engagés sur ses chemins. Ce n'est pas un petit avantage
que de recevoir des critiques : elles nous gardent de l'orgueil et de
la vanité.
Saint François de Sales
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